Annexe:Mots français d’origine hébraïque
En plus des prénoms, il existe un certain nombre de mots français d'emprunt d'origine hébraïque.
Ceux-ci ont été intégrés au lexique des langues d'Europe - dont le français - par l'évangélisation depuis la basse Antiquité et au Moyen Âge, à partir des différentes versions de la Bible, et en ce qui concerne les langues romanes à partir de la Vetus latinaVetus latina ou Vieille Latine, tirée de la Septante, traduction grecque, faite en Égypte sous les Ptolémées, et l'autre, la Vulgate, l'œuvre de Jérôme de Stridon donc bien avant la formation de ces langues, puis par le latin liturgique qui en a lexicalisé un certain nombre.
Les emprunts à l'arabe, langue sémitique parente de l'hébreu, ont également permis de retrouver diverses racines hébraïques. Ainsi "almanach" est proche de Mana'h, compter, "chiffre" de Sefer, livre, "mesquin" de Miskén, pauvre...
François Rabelais, qui était médecin, a contribué à l'emprunt de plus d'un mot hébraïque vers le français, en particulier kabbale et tohu-bohu, dans son livre Gargantua.
Enfin, depuis la réapparition de l'hébreu comme langue séculière au Moyen-Orient à la fin du XIXe siècle, des apports modernes surviennent comme kibboutz ou Tsahal.
Mots
[modifier le wikicode]- abbé qui à première vue semble emprunté à l'hébreu: אבא (aba) = papa en français, l'est en fait à l'araméen, le mot hébreu étant "אב", dans la prononciation moderne [av]
- abracadabra, plusieurs étymologies hébraïques, entre autres
- abrahamique, se dit des religions qui se réfèrent au patriarche Abraham (christianisme, islam et judaïsme)
- aleph, concept mathématique (cardinaux des ensembles infinis bien ordonnés) symbolisé par la première lettre de l'alphabet hébreu, l'aleph א
- alleluia, de l'hébreu biblique הַלְּלוּיָהּ, « louez Dieu », souvent compris comme une invitation à chanter un hymne religieux
- Aliyah, immigration des Juifs en terre d'Israël, de l'hébreu עליה (aliya= montée)
- amen, de l'hébreu biblique אמן, « je crois ; j'y crois », anciennement traduit « ainsi soit-il »
- arabe, de l'hébreu biblique Aravi, Erev : soir, occident : ceux qui venaient du couchant (sachant que l'hébreu et Heber venaient plus de l'orient à l'origine). A rapprocher de Europe et Cadmos, frère et soeur dont les noms proviennent du phénicien 'Ereb et Qadem, l'Occident et le Levant.
- araméen, langue sémitique, du nom d'Aram, nom hébreu de la Syrie, du nom du 5e fils de Sem (Genèse, X, 22)[1].
- benjamin, de l'hébreu בִּנְיָמִין (Binyamin), le dernier fils de Jacob, le plus jeune d'une fratrie.
- Brouhaha, de l'hébreu ברוך הבא (Baruch haba) Béni soit celui qui vient, formule de bienvenue employée dans les assemblées juives souvent bruyantes [2]!
- cabale et Kabbale, קבלה, Kabala (tradition), interprétation mystique de la Torah; Kabala vient de Lékabelle: c.a.d recevoir, la réception en hébreu.
- canne, du latin canna et du grec κάννα : roseau. De l'hébreu biblique קנה (canna) : roseau
- capharnaüm, כפר נחום, Kfar (ou Kefar) Nahoum (le village de Nahoum), Nahoum est un patronyme et signifie aussi consolation.
- carmel, carmes et carmélites tirent leur nom du mont Carmel où aurait vécu le prophète Élie
- chameau, du sémitique occidental (cf hébreu גמל gamal)[3]
- charivari, peut-être de l'hébreu 'haverim (camarades) dont les réunions auraient été bruyantes[4]
- chérubin, (hébreu biblique), כרובים, Chéroubim pluriel de Chéroub (sorte d'ange) ;
- chutzpah, mot hébreu passé en yiddish, souvent utilisé en américain et signifiant à peu près toupet ou impertinence. Il est parfois utilisé en français [5].
- cidre, de l'hébreu biblique שֵׁכָר (cecar)[6], boisson fermentée[7]
- échalote, אשקלון, Ashkelon (ville et port de Terre Sainte), escaluigne (Pèlerinage de Charlemagne à Jérusalem), dérivant du latin classique ascalonia, latin médiéval : scalongia ou ascaloniae. La plante aurait été ramenée depuis ce port dans l'Empire Franc.
- éden, du jardin d'Éden cité dans la Genèse
- Galiléen, de Galilée, région de la terre d'Israël, en hébreu biblique גָּלִיל (galil)[8]
- géhenne (ou gêne), de l'hébreu biblique désignant גיא la vallée ou le ravin [2] de [הינום][3] ou de בֶן הִנֹּ (ben hinom) [9][10]
- golem, humanoïde légendaire attribué au Maharal de Prague, de l'hébreu גלמ, golem, masse informe [11]
- Golgotha et golgother, colline proche de Jérusalem, où les Évangiles situent la crucifixion de Jésus, de l'hébreu biblique gulgōlet « crâne » [12]
- gouine, prostituée[13] et goujat[14], homme grossier, de goy ou goya (non juif ou non-juive, plus précisément servante et garçon de ferme chez les Juifs du Comtat Venaissin)
- goy, une nation dans la Bible, les gentils.
- Hébreu de עִבְרִית 'ivrit [15]
- hysope, hébreu אֵזוֹב, Ézov, plante médicinale plusieurs fois citée dans la Bible [16]
- jacobin, du nom d'un club politique du temps de la révolution française établi à Paris, rue Saint-Jacques (prénom dérivé de Jacob)
- jacobite, partisan du roi Jacques II d'Angleterre
- Jérémiades, par allusion aux perpétuelles récriminations du prophète Jérémie
- jéroboam, grande bouteille de vin, du nom d'un roi d'Israël, Jéroboam, qui était fort et vaillant[17]
- jubilé, de l'hébreu yôbel, cor utilisé pour annoncer le début de l'année de remise des dettes, qui revient tous les cinquante ans (Lévitique 25, 10-13). Ce qu'on appelle l'« année jubilaire ».
- judas, 1. traitre - 2. petite ouverture permettant de voir sans être vu : de Judas, nom de l'apôtre qui livra Jésus[18], sur Juda, Yehoudah, fils de Jacob, qui convainc ses frères à vendre Joseph
- Judith, prénom juif, qui désigne aussi un des livres de la Bible (le livre de Judith). Il pourrait être traduit : la juive, la judaïsé modèle ou personnifiée.
- Juifs, de l'hébreu biblique יְהוּדִים (yehoudim), Judéens (habitants de la Judée, en hébreu יהודה (yehoudah)) ou Juifs
- kibboutz (n. m.), קיבוץ (hébreu moderne), communauté et ferme collectiviste en Israël
- kippa, calotte, de l'hébreu כיפה (kippa)
- lazaret, établissement de quarantaine, viendrait par croisement, à la fois de Lazare (hébreu אלעזר, Eléazar) et du nom de la ville de Nazareth[19]
- lévite (masculin), membre de la tribu de Lévi, voué au service du Temple et par extension prêtre ou séminariste[20]
- lévite (féminin), robe longue du XVIIIe siècle ou redingote d'homme, dérivé du précédent sens de « lévite », en raison de la ressemblance de ce vêtement avec la robe que portaient les lévites dans les pièces de théâtre et sur les tableaux[21]
- macabre et macchabée, de Macchabées, héros des Livres des Macchabées[22][23]
- Madeleine, plusieurs sens, d'après Marie de Magdala, nom d'un bourg de Galilée[24], de l'hébreu Migdal, tour.
- manne, nourriture des Hébreux dans le Désert
- messie, de l'hébreu biblique Machiah, Oint. Déjà entré sous sa forme d'origine grecque « Christos » pour désigner l'oint par les premiers Chrétiens
- Moïse, corbeille d'osier servant de berceau aux nouveau-nés, de Moïse, de l'hébreu משה (Moché), qui fut trouvé dans un tel berceau sur le Nil
- mosaïque, qui provient de Moïse (religion mosaïque)
- nabi, groupe de peintres tirant son nom du mot hébreu signifiant prophète
- nabla, opérateur mathématique, par analogie de forme avec une harpe hébraïque, נבל en hébreu
- nard, parfum, de l'hébreu biblique נֵרְדְּ (nerde), lui-même emprunté au sanskrit
- nazir, personne consacrée à Dieu, selon Nombres 6, avec contamination sur Nazaréen[25]
- onanisme, masturbation, d'Onan (hébreu אוֹנָן), personnage biblique qui fut frappé par Dieu pour avoir dévié la trajectoire de sa semence.
- Palestinien et Philistin de l'hébreu biblique פְּלִשְׁתִּי (filisti)[26], Philistins
- pâquerette, fleur qui fleurit à l'époque de Pâques (voir ci-dessous)
- Pâques, de l'hébreu פֶּסַח (pessa'h), Pâque
- paradis dérive du persan[27] mais est aussi un mot présent dans la Bible hébraïque (Cantique des Cantiques 4, 13, Ecclésiaste 2, 5 et Néhémie 2, 8) sous la forme פרדס (pardes). Gilles Ménage lui donnait une origine hébraïque[28].
- pharaon, de l'hébreu biblique פרעה (farao), lui-même emprunté à l'égyptien[29]
- pharisien, de l'hébreu péroushim (פרושים), séparés.
- rabbin, de l'hébreu talmudique רַבִּי (rabbi)
- sabbat, de chabbat, septième jour de la semaine juive
- sac, de l'hébreu שק (sac)[30]
- samaritain, habitant de Samarie, en hébreu שֹּׁמְרוֹן, Shomron
- sansonnet, oiseau souvent mis en cage comme Samson (étymologie contestée)[31]
- saphir, de l'hébreu biblique סַּפִּיר (sapir)[32], saphir[33]
- satan, de l'hébreu שָׂטָן (Šaṭan)
- sémites, mot forgé à partir du nom de Sem (en hébreu שֵׁם, šem, ou chem « nom ») désignant un des trois fils de Noé. Voir aussi antisémitisme.
- séraphin, שרפים, sarafim ou sérafim pluriel de saraf (brûler). Employé pour désigner certains anges.
- sicle, de l'hébreu biblique שקל (shekel), unité monétaire er de poids de l'Orient ancien[34]
- sionisme, doctrine prônant le retour des Juifs en terre d'Israël, du nom de Sion (en hébreu צִיּוֹן - Tzion), une des collines de Jérusalem
- sodomie, de l'hébreu biblique סְדוֹם (Sedom), Sodome, ville dont les habitants sont dépravés
- suffète, magistrat de Carthage, mot punique apparenté à l'hébreu Shoftim, Juges.
- tohu-bohu, (hébreu biblique), תֹהוּ וָבֹהוּ, "tohou-vavohou" (déserte et vide[35]Bible, livre 1, chapitre 2) Genèse 1.2 ; Arthur Rimbaud utilise l'expression tohu-bohu dans son fameux poème, Le Bateau ivre, de 1895, « Je courus! Et les Péninsules démarrées,/N'ont pas subi tohu-bohus plus triomphants ». Dans un de ses discours, le général de Gaulle emploie également cette expression de tohu-bohu.
Voir aussi
[modifier le wikicode]Outre les noms bibliques, de personnages ou de lieux, divers mots hébreux font l'objet d'entrées dans Wikipédia : w:Ashera, w:Cacherouth, w:Chabbat, w:Chavouot, w:Choulhan Aroukh, Cohen, w:Erev rav, w:Erouv, w:Gematria, w:Guemara, w:Had gadia, w:Haggada, w:Halakha, w:Hanoucca, w:Haftarah, w:Hol hamoed, w:Hosanna, w:Kaddich, w:Kiddouch, w:Massorah, w:Matza, w:Megorashim, w:Menorah, w:Midrash, w:Mikvé, w:Miniane, w:Mishna, w:Mitsva, w:Niddah, w:Noms de Dieu dans le judaïsme, Omer, w:Parasha (et chaque w:Parasha de la semaine), w:Pessa'h, w:Pourim, w:Roch Hachana, w:Roch Hodesh, w:Shehita, w:Shekel, w:Shibboleth, w:Shoah, w:Souccot, w:Talit, w:Talmud, w:Tanakh, w:Torah, w:Tossafistes, w:Tsahal, w:Yechiva, w:YHWH, w:Yom Kippour... Voir aussi Liste des prières et bénédictions juives.
Articles connexes
[modifier le wikicode]- Hébreu sur l’encyclopédie Wikipédia
- Expressions bibliques sur l’encyclopédie Wikipédia
- Judéo-français sur l’encyclopédie Wikipédia
- Emprunt lexical sur l’encyclopédie Wikipédia
- Lexicalisation sur l’encyclopédie Wikipédia
- Étymologie sur l’encyclopédie Wikipédia
- racine sémitique sur l’encyclopédie Wikipédia
Références
[modifier le wikicode]- ↑ araméen dans CNTRL
- ↑ Brouhaha Centre National de Ressources Textuelles et Lexicales
- ↑ Chameau) Centre National de Ressources Textuelles et Lexicales
- ↑ Charivari Centre National de Ressources Textuelles et Lexicales
- ↑ les Rothschild L'Express, le 3 juin 1993
- ↑ Proverbes 20, 1
- ↑ Cidre Centre National de Ressources Textuelles et Lexicales
- ↑ Exemple : Actes des Apôtres, 2, 7 : {{citation|Ils étaient tous dans l’étonnement et la surprise, et ils se disaient les uns aux autres : Voici, ces gens qui parlent ne sont-ils pas tous Galiléens ?
- ↑ Géhenne Centre National de Ressources Textuelles et Lexicales
- ↑ Gêne Centre National de Ressources Textuelles et Lexicales
- ↑ Psaume 139, 16
- ↑ [1] Golgotha], CNTRL
- ↑ Gouine Centre National de Ressources Textuelles et Lexicales
- ↑ Orphelinat Centre National de Ressources Textuelles et Lexicales
- ↑ , "ivri"; Hébreux, decendants d'Heber/ Héver: petit fils de Sem -fils de Noé. Hébreu, Ivri: vient de la racine: Hever/ laavor: tranverser. hébreu dans CNTRL
- ↑ Voir CNRTL
- ↑ Jéroboam Centre National de Ressources Textuelles et Lexicales
- ↑ Judas, sur CNRTL
- ↑ Lazaret Centre National de Ressources Textuelles et Lexicales
- ↑ Lévite (1) Centre National de Ressources Textuelles et Lexicales
- ↑ Lévite (2) Centre National de Ressources Textuelles et Lexicales
- ↑ Macabre Centre National de Ressources Textuelles et Lexicales
- ↑ Macchabée (2) Centre National de Ressources Textuelles et Lexicales
- ↑ madeleine, sur CNRTL
- ↑ Nazir sur CNTRL
- ↑ Samuel 1, XVII, 8
- ↑ Paradis Centre National de Ressources Textuelles et Lexicales
- ↑ Voir Dictionnaire étymologique de la langue françoise, Volume 2, Gilles Ménage, 1750, Briasson
- ↑ Pharaon Centre National de Ressources Textuelles et Lexicales
- ↑ Voir Dictionnaire étymologique de la langue françoise, Volume 2, Gilles Ménage, 1750, Briasson
- ↑ Sansonnet Centre National de Ressources Textuelles et Lexicales
- ↑ Exode 24, 10
- ↑ Saphir Centre National de Ressources Textuelles et Lexicales
- ↑ Sicle Centre National de Ressources Textuelles et Lexicales
- ↑ Il s'agit d'un passage des plus difficiles à traduire car les mots ne sont utilisés qu'une fois, "vide et vague" (Bible de Jérusalem), "informe et vide" (Sainte Bible, David Martin, 1855), "désolation et vide" (Ancien Testament, John Nelson Darby, 1885), "tohu-et-bohu" (La Bible, André Chouraqui)…
- français Dictionnaire des mots français venant de l'hébreu, éditeur "Éditions du Seuil", auteur "Patrick Jean-Baptiste", 2010, 978-2020971522