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tambour battant

Définition, traduction, prononciation, anagramme et synonyme sur le dictionnaire libre Wiktionnaire.
(1596[1], 1579 sous la forme « le tambour battant »[2]) Composé de tambour et de battant, participe présent de battre : « en battant le tambour », avec le positionnement du participe présent après son complément qui était fréquent en ancien français[3] (l'équivalent français moderne serait battant tambour). Comparez chemin faisant, Belle au bois dormant.
Dans les coutumes militaires très codifiées de l’Ancien Régime, le droit de sortir « tambour battant » était une des conditions rituellement négociées (avec celles d’avoir « les enseignes déployées », « mèche allumée, balle en bouche » (prêts à tirer) et « avec armes et bagages ») par les assiégés demandant une capitulation honorable[4][5] (voir citation 1 et illustration). Ce qui explique une concomitance très forte entre ces diverses expressions dans la littérature jusqu’au XIXe siècle. Cette référence historique jadis très connue explique certaines phrases décrivant une capitulation, avec les honneurs ou faussement glorieuse, telles que celles-ci :
  • La société française tout entière se fait cabotine et nous passons fièrement à l’histrionisme, avec armes et bagage, mèche allumée et tambour battant. — (Jules Barbey d'Aurevilly, Les ridicules du temps, E. Rouveyre et G. Blond, 1883, page 52)
  • Celle-ci, très-polie, malgré sa turbulence, se retirait alors, enseignes déployées, tambour battant, je dirais presque mèche allumée, tant ses yeux lançaient de flammes, mais jamais vaincue ; elle ne disait pas non en parole, mais elle agissait en action dans le sens de la négation. — (Marie Maréchal, Aventures de Jean-Paul Riquet, Blériot frères, 1879, page 23)
Ou encore ce calembour :

Locution adverbiale

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Invariable
tambour battant
\tɑ̃.buʁ ba.tɑ̃\
Capitulation de Dantzig en 1807 : La garnison prussienne [...] est sortie de cette superbe place avec armes et bagages, drapeaux déployés, tambour battant. (1)

tambour battant \tɑ̃.buʁ ba.tɑ̃\ invariable

  1. (Sens propre) (Désuet) (Militaire) Au son du tambour (dans un contexte militaire).
    • Les assiégés sortîront avec toute sûreté de vie & de leurs personnes, sans qu’il leur soit fait aucun déplaisir ni empêchement, avec toutes leurs armes, bagage, tambour battant, enseigne déployée, avec deux bottes de mèche pendues, & balle en bouche. — (Articles de la reddition de Salses au Roy catholique, 1640, page 2)
    • À quelque temps de là, je vis arriver une compagnie de Soldats tambour battant, & j’en remarquai deux se séparer du gros pour me reconnaître. — (Savinien de Cyrano de Bergerac, Histoire comique de la lune, in Les œuvres diverses de M. Cyrano de Bergerac, J.-B. Besongne, 1678, page 273)
    • Une puissante colonne d’infanterie de ligne, coupée à intervalles égaux de garde nationale et de garde municipale à pied, et appuyée sur des masses profondes qu’on entendait sans les voir, déboucha dans la rue au pas de course, tambour battant, clairon sonnant, baïonnettes croisées, sapeurs en tête, et, imperturbable sous les projectiles, arriva droit sur la barricade avec le poids d’une poutre d’airain sur un mur. — (Victor Hugo, Les misérables, Pagnerre, 1862, tome 9, cinquième partie, page 184)
  2. (Par extension) (Sens figuré) (Désuet) (Rare) (Idiotisme) Au grand jour, au vu et au su de tout le monde[6].
    • L’auteur auquel M. Varias nous renvoie ne dit pas que Charles IX ait été obligé de faire une course à Orléans pour voir Marie Touchet et il n’y a guère d’apparence qu’elle se tînt si peu à la portée du roi puisqu’elle était sa maîtresse tambour battant et qu'elle avait déjà eu des enfants de lui. — (Pierre Bayle, Dictionnaire historique et critique, tome 14, Desoer, 1820 (posthume), page 238)
  3. (Par extension) (Sens figuré) (Idiotisme) Avec célérité, au pas de charge, rondement, sans temps mort.
    • La bonne femme envoya vite quérir un prêtre à la cure. Justement le vicaire qui la confessait était de semaine. Il se pourvut d’eau bénite et courut tambour battant au domicile du noyé. — (Léon Séché, Contes et figures de mon pays, Dentu, 1881, page 238)
    • — Nous avons expédié le dîner tambour battant. — (Charles Mérouvel, Mortes et vivantes, Dentu, 1890, page 246)
    • Nous avions entamé le match tambour battant, à tel point que des spectateurs retardataires n’avaient pas vu notre premier but. — (Eugène Ébodé, Le briseur de jeu, Moreux, 2000, page 125)
    • Le pliage des draps fut mené tambour battant et la toilette s’effectua grand train sans rechigner sur l’eau froide. — (Jean-Paul Bourcereau, Histoires d’hier pour demain, Siloë, 2000, page 174)

Références

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  1. Gabriel Chappuys, L’histoire du royaume de Navarre, N. Gilles, 1596, page 810
  2. Articles conclus sur la religion entre la reine mère et les chefs protestans, mai 1579, cité par François-André Isambert, Recueil général des anciennes lois françaises, Belin-Leprieur, 1829, tome 14, page 447
  3. Modèle:cite book
  4. Antoine de Ville, De la Charge des gouverneurs des places, Chez Matthieu Guillemot, 1639, page 271
  5. L’Encyclopédie, Capitulation, 1751, tome 2, page 634
  6. Antoine Furetière, Dictionnaire historique et critique, tome 1, A. et R. Leers, La Haye, 1701