Aller au contenu

dégringoler

Définition, traduction, prononciation, anagramme et synonyme sur le dictionnaire libre Wiktionnaire.
(1662)[1] Du moyen français desgringueler (« tournebouler »)[1] (1595). Ce dernier est construit avec dé- et l’ancien français gringoller (« dégringoler »)[2]. Gringoller :
  1. est emprunté au moyen néerlandais cringelen (« tourner en rond »)[1] qui donne kringelen (nl), fréquentatif de kringen (« rouler »), de kring (« rond, cercle ») ;
  2. est apparenté au picard déringoler, dégribouler[3].

dégringoler \de.ɡʁɛ̃.ɡɔ.le\ intransitif , transitif 1er groupe (voir la conjugaison)

  1. (Familier) Tomber de haut en bas, le long d’une surface inclinée.
    • Défoncé par le choc, le Vaterland se vit à deux doigts de sa perte ; il dégringola impétueusement, emportant avec lui, accroché dans son hélice brisée, l’aéroplane ennemi dont les pilotes tentaient l’abordage. — (H. G. Wells, La Guerre dans les airs, 1908, traduction d’Henry-D. Davray et B. Kozakiewicz, Mercure de France, Paris, 1910, page 253 de l’édition de 1921)
    • Camus, au pied de l’arbre, gisait couché sur le dos, tout pâle, les yeux clos. Nul doute qu’il n’était monté à l’arbre et avait dégringolé. — (Louis Pergaud, La Traque aux nids, dans Les Rustiques, nouvelles villageoises, 1921)
    • Une colossale figure du « Temps », soulève Terre et cadran sur ses vigoureuses épaules, tandis que des anges joufflus, des Amours pour mieux dire, se jouent tout autour, voletant et dégringolant jusque sur le fronton. — (Gustave Fraipont, Les Vosges, 1923)
    • Lourdement, balayant de ses larges plis le plateau, la masse du velum rouge dégringola du cintre avant de remonter, pour retomber et se relever de nouveau. — (Francis Carco, L’Homme de minuit, Éditions Albin Michel, Paris, 1938)
    • Alors il y avait cette perpétuelle hésitation entre le romantique, le distingué, le pourquoi pas sublime, et la bien franche vulgarité du rire dégringolant comme une pile d’assiettes dans un bac d’eau de vaisselle. — (Pascal Lainé, La dentellière, Gallimard, 1974, réédition Folio, page 40)
  2. (Par extension) (Impersonnel) Désigne des précipitations intenses, généralement de la pluie.
    • — Jamais vu autant de pluie.
      — Moi non plus commandant.
      — Tu sais depuis quand ça dégringole Santos ?
      — (PDG, L’Arche de Neo, Publibook, 2008, ISBN 978-2748342925)
  3. Descendre avec précipitation, dévaler.
    • il dégringola quatre à quatre l’escalier et s’élança dehors comme un fou. — (Émile Zola, La Fortune des Rougon, 1870)
    • Je montais les livres dans ma chambre et les enfermai dans l’armoire. Puis, je m’habillai aussi vite que possible et dégringolai l’escalier. — (Antal Szerb, La légende de Pendragon, 1934, page 134, ALINEA, traduction par Charles Zaremba et Natalia Zaremba-Huszvai)
  4. Baisser brusquement ; chuter.
    • Une soirée a suffit pour les faire dégringoler du trépied, ou plutôt du perchoir, d'où ils rendaient leurs oracles — dans quel baragouin, dieux du ciel! — (Anatole Claveau, Les snobs, dans Sermons laïques, Paris : Paul Ollendorff, 1898, 3e édition, page 39)
    • Michel, qui, dans les moments d’irritation fréquents en famille, reprochait à son beau-père de dégringoler de ses ancêtres plutôt que d’en descendre, était fort injuste : le baron ne dégringolait pas. Sa plus grande vertu au contraire était une sorte d’inamovibilité. — (Marguerite Yourcenar, Archives du Nord, Gallimard, 1977, page 315)
    • Sarkozy dégringole dans les sondages, l'ex-Premier ministre de Jacques Chirac (1995-1997), qui revendique l'étiquette de "gaullo-chiraquien", a confié au Monde daté de dimanche l'ébauche d'une "offre" électorale pour un éventuel après-Sarkozy. — (Juppé fait un pas de plus vers 2012, au cas où Sarkozy n'irait pas, dans Le Parisien (www.leparisien.fr), 10 avril 2010)
    • (Sens figuré)[…] ; l'autre, son barda sur l'épaule, les chausses lui dégringolant le long des jambes, la tête rejetée en arrière et s'envoyant un jet de sa gourde dans le gosier, a l'allure épaisse et la trogne truculente d'un rustaud des Flandres. — (Rachel Valentino, La formation de la peinture française: le génie celtique et les influences, éd. G.P. Maisonneuve, 1936, page 307)

Prononciation

[modifier le wikicode]

Références

[modifier le wikicode]
  1. a b et c « dégringoler », dans TLFi, Le Trésor de la langue française informatisé, 1971–1994 → consulter cet ouvrage
  2. Frédéric GodefroyDictionnaire de l’ancienne langue française et de tous ses dialectes du IXe au XVe siècle, édition de F. Vieweg, Paris, 1881–1902 → consulter cet ouvrage (gringoller)
  3. « dégringoler », dans Émile LittréDictionnaire de la langue française, 1872–1877 → consulter cet ouvrage