faire flanelle
Apparence
Étymologie
[modifier le wikicode]Locution verbale
[modifier le wikicode]faire flanelle \fɛʁ fla.nɛl\ (se conjugue → voir la conjugaison de faire)
- S’attarder passivement et importunément dans un lieu sans participer à ce qu’on y fait, sans intention d’acheter ou de consommer ce qu’on y propose, sans faire ce qu’on attend d’une personne venue dans cet endroit.
J’écoute volontiers les démonstrations, les camelots ou les boniments des démonstrateurs, et même je ne me contente pas toujours de faire flanelle : je paie mon plaisir en figurant parmi les six personnes qui lèvent la main à gauche, ou les six personnes qui lèvent la main à droite. Cela ne me coûte jamais bien cher…
— (Clément Vautel, En écoutant les démonstrateurs, dans Cyrano, no 318 du 20 juillet 1930, page 5)
- (En particulier) Dans un débit de boissons, prendre une seule consommation et y rester longuement sans commander autre chose.
Étudiants ou calicots braillards, grossiers, bêtement spirituels et ressasseurs de calembours surannés, venaient par bandes, gavés de bocks et puant le cigare pas sec, faire flanelle en monôme, à la brasserie.
— (Léo Trézenik, Les Gens qui s’amusent, Escarmouches ; E. Giraud et Cie libraires-éditeurs, Paris, 1886, page 191)
- (En particulier) Aller dans une maison de tolérance et s’y attarder sans monter avec une femme.
La tenancière a généralement en réserve, dans une pièce retirée, deux ou trois gros boule-dogues aux crocs puissants pour en imposer, au besoin, aux clients par trop tapageurs ou à ceux qui, ayant passé un quart d’heure à « faire flanelle », c’est-à-dire à flâner dans les salons sans consommer ni monter avec une femme, refusent de s’en aller et s’entêtent à ne pas vouloir faire marcher le commerce de la maison.
— (Léo Taxil, La Corruption fin-de-siècle, chapitre II, § 1 ; Georges Carré éditeur, Paris, 1894, page 80)Toutes ces maisons ont des habitués qui y viennent passer quelques instants, suivant l’expression connue : « faire flanelle »; si dans les maisons de tolérance on ne tient pas à ce genre de client, dans les maisons de rendez-vous il n’en est pas de même ; les habitués figurent, ils font croire que la boutique est bien achalandée.
— (Charles Virmaître, Paris documentaire, tome IV : Trottoirs et lupanars, chapitre VI ; Librairie Jouffroy, Paris, 1893, page 81)J’écris en hâte, nous avons des tas de travail, nous avons lui [le peintre Paul Gauguin] et moi l’intention d’aller très souvent faire flanelle dans les bordels pour les étudier.
— (Vincent van Gogh, lettre à son frère Théo, 22 octobre 1888)
Notes
[modifier le wikicode]- Dans le passage suivant, faire flanelle est employé avec le sens de faire tapisserie (c’est-à-dire, dans un bal, ne pas être invité à danser, l’inactivité n’étant pas intentionnelle dans ce cas) :
- Tu es fière parce que tu as dansé ce soir. Il y a bien de quoi, avec un méchant petit rat de cave…
— Ça vaut mieux que de faire flanelle. — (Hector France, La Fille du garde-chasse, deuxième partie, chapitre XIII ; H. Geffroy éditeur, Paris, 1905-1907, page 627)
- Tu es fière parce que tu as dansé ce soir. Il y a bien de quoi, avec un méchant petit rat de cave…
- Le Larousse du XXe siècle donne de cette locution la définition suivante : « Aller dans une maison de tolérance pour n’y faire que du tapage. » Cette définition n’est pas exacte. L’intention de faire du tapage est de trop : il y a de l’inactivité de la part de la personne qui fait flanelle.
Traductions
[modifier le wikicode]Prononciation
[modifier le wikicode]- France (Lyon) : écouter « faire flanelle [Prononciation ?] »
- France (Vosges) : écouter « faire flanelle [Prononciation ?] »
- Bourg-en-Bresse (France) : écouter « faire flanelle [Prononciation ?] »
- Somain (France) : écouter « faire flanelle [Prononciation ?] »