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entre chien et loup

Définition, traduction, prononciation, anagramme et synonyme sur le dictionnaire libre Wiktionnaire.
L’expression existe déjà au VIIe siècle : Infra horam vespertinam, inter canem et lupum.
Souvent expliqué comme désignant le moment où l’on ne distinguerait pas un chien d’un loup (« L’heure où la lumière décline car on confond alors facilement entre chien et loup ») —c’est également là le Marculfe citée plus haut. Selon d’autres, l’expression désignerait en fait l’intervalle qui sépare le moment où le chien est placé à la garde du bercail et le moment où le loup profite de l’obscurité qui commence pour aller rôder à l’entour, car c’est l’usage universel des bergers de lâcher le chien ou de le mettre en sentinelle aussitôt que la chute du jour les avertit que le loup ne tardera pas à sortir du bois[1].

Locution adverbiale

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Un paysage entre chien et loup.

entre chien et loup \ɑ̃.tʁə ʃjɛ̃ e lu\

  1. (Sens figuré) Au crépuscule le plus sombre, lorsqu’on ne peut plus, ou pas encore, discerner exactement les choses.
    • Quelques jours après, pendant la semaine sainte, comme j’étais seule dans ma chambre, vers le soir, entre chien et loup, deux Tyroliens entrent chez moi. Je fus surprise, mais non effrayée ; […]. — (« Lettre du 19 avril 1809 de Bettine à Goethe », dans la Correspondance inédite entre Goethe et Bettina d’Arn, traduit de l’allemand par Seb. Albin (pseudonyme d’Hortense Cornu), tome 1, Paris : au Comptoir des Imprimeurs réunis, 1843, page 311)
    • Il semblait que ce sentiment pénible remplit involontairement l’esprit des deux dames qui s’entretenaient dans l’embrasure de la fenêtre ; car elles étaient assez mélancoliques en devisant à voix basse entre chien et loup. — (George Sand, Jeanne in Œuvres illustrées de George Sand, volume 3, chapitre X, Édition J. Hetzel, 1853, page 37)
    • Cela fit qu’un beau jour, entre chien & loup Martin le planta là devers Cambrai & s’enfuit dans la forêt de Proville. — (Charles Deulin, Martin et Martine in Contes d’un buveur de bière, chapitre I, Librairie internationale, Paris, 1868, page 216)
    • Par les crépuscules de décembre, entre chien et loup, quand on était assis sur les petits tabourets bas, devant les feux de bois de chêne, on poursuivait la série de ces questions de jour en jour plus palpitantes, jusqu’au 31, jusqu’au grand soir des mystères dévoilés… — (Pierre Loti, Le Roman d'un enfant, 1890)
    • En été, c’était encore entre chien et loup. N’importe où. Là, où il se trouvait... […]. Il repérait ses proies à leur odeur, à leur tenue, à leur forme. Mais, jamais, il ne perpétrait deux fois consécutivement le même crime. — (Marcel Pineau, « Entre chien et loup », dans Chronique de meurtres ordinaires: La cabine téléphonique, et autres nouvelles, Mon Petit Éditeur, 2014)

Vocabulaire apparenté par le sens

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Locution nominale

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entre chien et loup \ɑ̃.tʁə ʃjɛ̃ e lu\ masculin (pluriel à préciser)

  1. Période située à la tombée de la nuit offrant des couleurs particulières.
    • Pendant l’entre chien et loup.
    • Dans la chambre de grand’mère, où je les trouvais généralement toutes deux réunies, je m’asseyais près du feu, sur une chaise d’enfant placée là à mon usage, pour passer l’heure toujours un peu pénible, un peu angoissante du « chien et loup ». — (Pierre Loti, Le Roman d'un enfant, 1890)
    • La nuit venait, on allumait les premiers becs de gaz, c’était l’entre chien et loup de Paris, l’heure où les ténèbres ne sont pas encore, où les globes électriques flamboient dans le jour qui va s’éteindre. — (Émile Zola, Les Trois Villes : Paris, 1897)
    • Le chien et loup tombe. On expédie le dîner. Le départ est à sept heures et demie. Adieu pour trois ou quatre jours, car après Leyde, Amsterdam, Hélène-Villa et miss Renée ! Un clair de lune se lève qui me promet un beau voyage… — (Paul Verlaine, Quinze jours en Hollande in Œuvres complètes, tome V, Vanier (Messein), Paris, 1905, page 247)
    • Il [le cinéma, NDLR] est aussi un entre chien et loup, modalité de passage du jour à la nuit. Une heure trente ou deux heures pour oublier le jour, une heure trente ou deux heures pour reculer la nuit. Par la salle de cinéma, passer de la ville-jour à la ville-nuit. — (Alain Fleischer, Ecrits sur le cinéma et la photographie, 2009)

Prononciation

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Références

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  1. A. J. D., Proverbes, dictons & locutions diverses à propos de chats et de chiens, Gaston Andrieux, Noyon, 1885