Aller au contenu

avanie

Définition, traduction, prononciation, anagramme et synonyme sur le dictionnaire libre Wiktionnaire.
(1557) Avanye, (« imposition infligée par les Turcs aux chrétiens, rançon ») , (1713) avanie ; de l’italien avania (« taxe injustifiée »), du turc qui l’a emprunté à l’arabe خوان, khawwaan (« non-fiable, traître »), ou, plus pertinent selon Antoine-Paulin Pihan, de l’arabe هوان, hawane qui signifie (« mépris »)[1]. Louis Marcel Devic rejette le bas grec άβανία car il correspond à l’arabe أواني, awani qui signifie (« ustensiles »)[2].
Singulier Pluriel
avanie avanies
\a.va.ni\

avanie \a.va.ni\ féminin

  1. (Histoire) Vexation, insulte à la dignité des pèlerins et des étrangers en général, que les Turcs pratiquaient au Levant en exigeant de l’argent.
    • Pourrait-on croire qu’il y ait au monde des tyrans assez absurdes pour s’opposer à toute amélioration dans les choses de première nécessité ? Un pont s’écroule, on ne le relève pas. Un homme répare sa maison, on lui fait une avanie. J’ai vu des capitaines grecs s’exposer au naufrage avec des voiles déchirées, plutôt que de raccommoder ces voiles : tant ils craignent de montrer leur aisance et leur industrie ! — (Chateaubriand, Itinéraire de Paris à Jérusalem, 1811)
  2. Affront fait de propos délibéré. Traitement humiliant qu’une personne reçoit publiquement.
    • Ah ! monsieur, si vous pouviez-vous imaginer ce que c’est que d’être obligée de caresser indifféremment un vieux marchand, un avocat, un moine, un gondolier, un abbé ; d’être exposée à toutes les insultes, à toutes les avanies ; d’être souvent réduite à emprunter une jupe pour aller se la faire lever par un homme dégoûtant ; d’être volée par l’un de ce qu’on a gagné avec l’autre ; d’être rançonnée par les officiers de justice, et de n’avoir en perspective qu’une vieillesse affreuse, un hôpital, et un fumier, vous concluriez que je suis une des plus malheureuses créatures du monde. — (Voltaire, Candide, 1759)
    • J’avais été prévenu de ne me laisser jamais plaisanter par un Turc, si je ne voulais m’exposer à mille avanies. J’ai reconnu plusieurs fois, dans la suite, combien ce conseil était utile : un Turc devient aussi souple, s’il voit que vous ne le craignez pas, qu’il est insultant s’il s’aperçoit qu’il vous fait peur. — (Chateaubriand, Itinéraire de Paris à Jérusalem, 1811)
    • Les peuples pardonnent quelquefois la tyrannie, jamais les avanies personnelles. — (Auguste Blanqui, Voyage en Bulgarie 1841, chapitre V - 1845)
    • Madame, lui dit le général, agréez nos excuses ; il y a eu erreur, vous pouvez continuer sans crainte votre voyage, et voici un passe-port qui vous évitera désormais toute espèce d’avanie — (Honoré de Balzac, La Femme de trente ansch. I, Paris, 1832 ; p. 30)
    • Avanie et framboise sont les mamelles du destin. — (Boby Lapointe, Framboise, 1960)
    • Je n’ai pas à mettre mon petit grain de sel, mais vous voyez, je me tords de toutes les avanies qu’elle vous prodigue. — (Marcel Proust, Sodome et Gomorrhe II, 1922)
    • Je n’avais pas d’amour-propre et j’étais peu observatrice : je subis avec indifférence beaucoup d’autres avanies. — (Simone de Beauvoir, Mémoires d’une jeune fille rangée, 1958, réédition Le Livre de Poche, page 397)
    • Pour avoir tout voulu, ils risquent de tout perdre,
      On les verra sous peu tel Ubu crier « merdre ! »,
      Ce mot de l’avanie qui, giflant l’arrogance,
      Dessille le mirage de la toute puissance,
      Et laissent ceux qu’alors elle a si bien trompés
      Au milieu de leurs ruines, cois et désemparés.
      — (Frédéric Lordon, D’un retournement l’autre, 2011)
Traductions à trier
[modifier le wikicode]

Prononciation

[modifier le wikicode]

Références

[modifier le wikicode]