(Textile)Amas de poils détachés de la peau de certains animaux à poil ras, tels que les bovins, les chevaux, etc.
La bourre sert à garnir des selles, des bâts, des tabourets, etc.
Bourre de laine ou bourrelanice, partie la plus grossière de la laine.
Qu’il soit donc à son tour ce mannequin de bois, de paille, de bourre ou de carton bouilli qu’il habillait tout à l’heure et déshabillait à sa guise.— (Guy Goffette, Presqu’elles, Gallimard, 2009, page 100)
Quant à l’ours en peluche, laissé trop longtemps sur une étagère de l’armoire de sa chambre, il n’est plus qu’une loque, les mites ont grignoté la laine de son museau, des souris lui ont rongés les pattes et les oreilles et chapardé la bourre de son ventre.— (Sylvie Germain, Magnus, Fragment 29, Albin Michel, Paris, 2005, page 274)
(Soierie) Partie la plus grossière du cocon, celle qui ne se dévide pas.
Bourre de soie.
La borgnesse, aussi endimanchée, portait un bonnet blanc, un grand châle en bourre de soie, façon cachemire, et tenait à la main un vaste cabas.— (Eugène Sue,Les Mystères de Paris, 1843)
Une bourre de soie sèche, telle qu'on l'obtient par la longue ébullition avec une grande quantité de détergent, comme à l'ordinaire, ne contient que 5 % de séricine.— (D. de Prat, Nouveau manuel complet de filature ; 1re partie : Fibres animales & minérales, Encyclopédie Roret, 1914)
(Armement, Chasse) Ce qu’on met par-dessus la charge d’une cartouche de fusil.
G...M..., le voyant soutenu par trois soldats, et craignant sans doute la bourre du pistolet, ne fit pas de résistance.— (Abbé Prévost, Histoire du chevalier de Grieux et de Manon Lescaut, 1731, rééditions Grenier-Flammarion, 1967, page 147)
— C’est un miracle qu’il vive avec une balle dans le ventre, et non seulement la balle, mais des lambeaux de drap, la bourre du fusil, et que sais-je, moi ? Vous sentez bien que je ne suis pas allé sonder une telle blessure.— (Stendhal, Lucien Leuwen, 1834)
Sur la table, un bourre-cartouches, une cartouchière, deux sébiles contenant l’une du plomb, l’autre des cartouches et des bourres ; à droite, près du secrétaire, une chaise volante.— (Georges Feydeau, Monsieur chasse !, 1892)
Il était aussi très intrigué par sa façon de déchirer la bourre avec les dents comme un troupier et sans forfanterie. « Cette charge bien bourrée va donner un fameux recul », dit Angelo.— (Jean Giono, Le hussard sur le toit, 1951, réédition Folio Plus, page 323)
Au beau milieu, trônait le plat cuisiné par l'oncle Jules. « Voilà, dit-il, ce que je faisais cuire ce matin : ce sont des bourres grasses. — C'est pour quoi faire ? demanda Paul. — C'est pour faire des cartouches ! dit mon père.— (Marcel Pagnol, La gloire de mon père, 1957, Le Livre de Poche, page 215)
(Rare) Jeune âge, par analogie avec celui qui précède le débourrage chez les chevaux.
C’est l’âge ingrat, l’âge de la bourre, une époque de boutons, de furoncles, de mains moites, de choses sales.— (François Mauriac, Le Mystère Frontenac, 1933, réédition Le Livre de Poche, page 160)
Quelle existence pour une fille qui sait que le mercredi les « bourres » la mènent au poste afin d’avoir l’air de ne pas voler leur pain !— (Francis Carco, Au coin des rues : Nuits de Paris, 1919 ; Éditions G. Crès et Cie, Paris, 1922, p. 17)
Bouge pas. Et viens. Magne-toi, me jeta-t-il. C'est pas une raison, parce que j'te montre un bourre, pour l'déranger.— (Francis Carco, Images cachées, Éditions Albin Michel, Paris, 1928)
La seule faute impardonnable, et qui mérite, selon la loi de la jungle, le coup de surin ou de « rigolo » mortel, c’est de « donner » le copain aux bourriques ou aux « bourres ». La Santé est, à ce point de vue, un centre redoutable de vendettas.— (Léon Daudet, Souvenirs des milieux littéraires, politiques, artistiques et médicaux/Vingt-neuf mois d’exil, Grasset, réédition Le Livre de Poche, page 566)
Frédéric Godefroy, Dictionnaire de l’ancienne langue française et de tous ses dialectes du IXe au XVe siècle, édition de F. Vieweg, Paris, 1881–1902 → consulter cet ouvrage