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Projet:Flexions du finnois/Survol des règles

Définition, traduction, prononciation, anagramme et synonyme sur le dictionnaire libre Wiktionnaire.

Introduction

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Il y a plusieurs manières d'appréhender la flexion des substantifs finnois. Le dictionnaire de KOTUS (une référence très respectée, et qui sera utile au projet), par exemple, utilise un système de 51 classes de substantifs, avec des sous-classes! Toutefois, plusieurs de ces classes sont très similaires les unes aux autres. Il y a des tonnes de classes possibles car il y a un ensemble de règles qui mène à des changements phonologiques et le choix d'une terminaison casuelle plutôt qu'une autre. Certaines règles s'appliquent simultanément, d'autres sont mutuellement exclusives. Mais il y a beaucoup moins de règles que de classes de paradigmes!

Pour comprendre le procédé de déclinaison, il faut commencer par comprendre le concept d'harmonie vocalique et de gradation consonantique. (J'appelle ça gradation consonantique par calque avec l'anglais consonant gradation; alternance consonantique est le terme moins anglicisant.) Il faut aussi comprendre un peu la syllabification, car c'est la structure syllabique qui détermine quand la gradation consonantique se produit.

Un détail important:

  • Ce survol parle de souvent de mots, mais en fait, c'est une simplification. Le domaine phonologique de la déclinaison est le mot en tête, pas le mot entier (distinction importante quand on rencontre des mots composés). Il y aura une remarque qui explicite l'importance de cette distinction, quand c'est nécessaire (juste au niveau de l'harmonie et du compte de syllabes...? ▲).

Ce document est un résumé des propriétés à prendre en compte pour illustrer le volume de travail à faire et introduire les concepts linguistiques essentiels. Ce n'est PAS le résultat d'une recherche approfondie sur tous les détails exactes de la flexion finnoise! Mais en principe, la recherche approfondie à faire pour le projet ne va pas révéler une grande quantité de travail supplémentaire. Elle va révéler que je dois définir les règles de flexion de manière plus précise et exhaustive que je ne l'ai fait jusqu'à présent. Elle va aussi révéler la présence plus ou moins élevées de paradigmes exceptionnels et aider à décider comment les intégrer, ou s'il vaut mieux les ignorer. Le travail de recherche supplémentaire va aussi permettre de mieux définir les étapes de dérivation et leur ordre.

But de cette section: expliquer grosso modo comment on passe d'une vedette d'entrée de dictionnaire à une flexion précise.

Pour passer d'un substantif finnois à son paradigme entier, ça aide de considérer le processus de dérivation comme un ensemble d'étapes. Il y a plus qu'un moyen de conceptualiser ces étapes, et l'ordre à suivre. L'ordre importe car il est susceptible de changer le résultat. Je crois que dériver les flexions finnoises à l'aide d'étapes serait plus facile que les dériver en appliquant un grand nombre de conditions simultanément, mais c'est peut-être à revoir. Voici une manière de concevoir ces étapes, juste pour contextualiser les concepts à introduire.

  • Point de départ: on a un mot (dans sa forme nominative singulière, qui est aussi la vedette de l'entrée du dictionnaire) et des paramètres de flexion (ex: on veut les formes acceptables pour le partitif singulier). Cette combinaison nombre/cas correspond à un inventaire de terminaisons casuelles (pour le partitif singulier, l'inventaire exhaustif est: -a, -ä, -ta, -tä). On peut dire que certaines règles éliminent des options de l'inventaire, et/ou on peut dire que certaines règles rendent une terminaison casuelle acceptable.
  1. Identifier la racine de base.
  2. Compter les syllabes et relever les propriétés de la dernière syllabe: est-ce qu'elle finit par une consonne ou une voyelle? Si elle finit par une ou deux voyelles, lesquelles? (Sous certaines conditions, il faut ensuite relever la qualité de la voyelle de la syllabe pénultime aussi.)
    • Ces propriétés déclenchent-elles une modification de la voyelle finale (qualité différente ou suppression)? Si oui, changer la dernière voyelle; sinon, rien de spécial.
    • Ces propriétés permettent d'établir un inventaire temporaire de terminaisons casuelles acceptables, potentiellement réduit par rapport au début; relever les terminaisons acceptables.
  3. Scanner le mot pour détecter la présence d'une de ces lettres; a, o, u. Si une d'elles est présente, le mot prend la version harmonisée postérieurement des terminaisons casuelles (-ssa, -lla, etc.) Si aucune d'elles est présente, le mot prend la version harmonisée antérieurement des terminaisons casuelles (-ssä, -llä, etc.). Cette étape peut réduire l'inventaire de terminaisons casuelles acceptables.
  4. La gradation consonantique est-elle déclenchée par la terminaison casuelle identifiée comme acceptable, ainsi que le procédé de syllabification? Si oui, modifier la racine quand une gradation est possible; sinon, rien de spécial.
  5. Décliner le mot, en prenant en compte la racine modifiée (étapes 1, 2, 4) ET l'identification des terminaisons casuelles appropriées (étapes 2, 3). Souvent on a une seule forme comme résultat; parfois, on en a davantage (2, 3, très rare d'en avoir plus, mais tout de même possible...).

Voici les mêmes étapes, mais avec un mot précis (kana; «poulet»), décliné au partitif singulier.

  1. La racine est kana-.
  2. Il y a deux syllabes. La voyelle finale est a.
    • Les propriétés relevés n'ont pas déclenché de changement; la racine reste kana-.
    • On élimine déjà les terminaisons -ta et tä, car elles ne sont permises que si la racine finit par une consonne (comme -n) ou une voyelle longue (comme -aa). On élimine rien avec le compte de syllabe dans cette situation exacte, mais ça ferait une différence si on déclinait kana au génitif pluriel (→ kanojen), comparé au fait de décliner un mot à trois syllabes qui finit aussi par a (omena → omenien, omenoiden, omenoitten).
  3. On scanne kana, il y a la voyelle a. La terminaison -ä est éliminée car mal harmonisée. Il reste juste -a comme terminaison acceptable.
  4. La gradation consonantique n'est pas possible pour ce mot, et même si c'était le cas, la terminaison casuelle retenue ne la déclencherait pas.
  5. On a obtenu kana- comme racine après avoir passé par les étapes de modification possible, et on a obtenu -a comme seule terminaison casuelle acceptable. La déclinaison qui résulte est kanaa.

Cet ordre n'est peut-être pas le meilleur pour la création de déclinaisons automatiques, ça sera à retravailler plus tard. C'est juste pour donner une idée. Cet exemple d'étapes sert aussi à contextualiser l'ordre dans lequel j'introduirai les concepts, soit:

  • Racine.
  • Harmonie.
  • Syllabification.
  • Gradation.
  • Autres propriétés qui délimitent l'inventaire des terminaisons acceptables (nombre de syllabes, qualité de la dernière syllabe... cette section va aussi aborder les changements possibles au niveau de la qualité de la dernière voyelle.)

Identifier la racine

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But de cette section: expliquer le rapport entre la vedette de dictionnaire et la racine + illustrer dans quelle mesure on peut convertir une vedette en racine et vice versa.

Au début de la dérivation, la racine est identique à la forme nominative singulière la majorité du temps. Encore plus souvent, on peut déduire quelle est la racine en observant la forme nominative singulière, même si la racine est différente de la forme nominative singulière. La prévisibilité est à 100% et bidirectionnelle: quand la vedette finit par -ton, la racine finit toujours par -ttoma- et vice versa.

Par contre, parfois, prédire la racine en fonction de la forme nominative singulière n'est pas possible car plusieurs options sont possibles pour un même type de mot (ex: ceux qui terminent en -i). Dans ces cas, la prévisibilité de forme est unidirectionnelle: on peut prédire la forme nominative singulière en fonction de la racine, mais pas l'inverse. Il y a aussi des cas de racine irrégulière, et de ce que je me plais à appeler des racines semi-régulières (expliqué à la fin de la section)...

Dans la section qui suit, je vais utiliser FNS pour signifier «forme nominative singulière». Quand la ligne inclut "il y a X options", c'est qu'on entre dans le territoire où la prévisibilité de la forme devient unidirectionnelle.

Les grandes lignes de l'identification de la racine à cette étape sont les suivantes.

  • La FNS termine-t-elle en a, ä, u, y, o, ö, ou une voyelle longue (aa, uu,...; peu importe laquelle), ou deux voyelles (ea, ia,... peu importe lesquelles)? La racine est identique à la FNS à cette étape.
  • La FNS termine-t-elle par e? Il y a trois options.
    • Première racine possible: identique à la FNS (FNS: nalle / racine: nalle-).
    • Deuxième racine possible: en -ee- (FNS: hame / racine: hamee-).
    • Troisième racine possible: en -(e)- (FNS: kantele / forme partitive singulière: kannelta / forme génitive singulière: kantelen). Beaucoup de similarités avec une option possible pour les mots finissant en -l, -r, -n. Peut-être à considérer comme une classe semi-régulière.
  • La FNS termine-t-elle par i? Il y a 4 options principales.
    • Première racine possible: identique à la FNS (FNS: risti / racine: risti-).
    • Deuxième racine possible: -e- (FNS: ovi / racine: ove-).
    • Troisième racine possible: -te- (FNS: käsi / racine: käte-).
    • Quatrième racine possible: -mpa- (FNS: vanhempi / racine: vanhempa-).
    • Poignée de racines semi-régulières: lohi = -(e)-, toimi = -(m⁓n)e-, lapsi = -(s⁓Cse)-,...?
    • Poignée de racines irrégulières: yksi, kaksi.
  • La FNS termine-t-elle en n?
    • La FNS termine-t-elle par -nen? La racine est en -se- (FNS: ihminen / racine: ihmise-).
    • La FNS termine-t-elle par -in? La racine est en -ime- (FNS: kytkin / racine: kytkime-).
    • La FNS termine-t-elle par -ton? La racine est -ttoma- (FNS: sanaton / sanattoma-).
    • Quatrième option: en -(e)- (FNS: säen / forme partitive singulière: säentä / forme génitive singulière: säkeneen). Beaucoup de similarités avec une option possible pour les mots finissant en -l, -r, -n. Peut-être à considérer comme une classe semi-régulière.
    • Poignée de racines irrégulières: vasen.

(Voici une version plus explicite de ce que l'organisation des points cherche à communiquer: on peut prédire les racines de tous les mots qui terminent soit en -nen, -in, ou -ton, et ça sera correct 100% du temps. Après avoir éliminé les mots en -nen, -in, et -ton, il reste quelques mots qui n'ont aucune de ces fins, mais terminent tout de même en -n. Tous ces mots restants ne sont pas tout à fait réguliers.)

  • La FNS termine-t-elle en s?
    • La FNS termine-t-elle par -as, -äs? Il y a deux options.
      • Première racine possible: -aa-, -ää-.
      • Deuxième racine possible: -ante-, -änte-.
    • La FNS termine-t-elle par -is? La racine est en -ii- (FNS: kaunis / forme partitive singulière: kaunista / forme génitive singulière: kauniin).
    • La FNS termine-t-elle par -us, -ys? Il y a deux options.
      • Première racine possible: -ukse- ou -ykse-.
      • Deuxième racine possible: -ute- ou -yte-.
    • Poignée de racines irrégulières: mies.
  • La FNS termine-t-elle par r? La racine est en -(e)- (FNS: sisar / forme partitive singulière: sisarta / forme génitive singulière: sisaren). Beaucoup de similarités avec une option possible pour les mots finissant en -l, -r, -n. Peut-être à considérer comme une classe semi-régulière.
  • La FNS termine-t-elle par l? La racine est en -(e)- (FNS: sammal / forme partitive singulière: sammalta / forme génitive singulière: sammalen). Beaucoup de similarités avec une option possible pour les mots finissant en -l, -r, -n. Peut-être à considérer comme une classe semi-régulière.
  • La FNS termine-t-elle par t? Il y a 2 options principales.
    • Première racine possible: -e- (FNS: olut / racine: olue-).
    • Deuxième racine possible: -ee- (FNS: kuollut / racine: kuollee-).
    • Poignée de racines irrégulières (kevät, tuhat).

Certaines racines sont irrégulières et c'est peine perdue d'essayer de les dériver à partir de la FNS, on se retrouverait avec une règle compliquée qui s'applique à un ou deux mots.

  • Mots concernés: yksi, kaksi, mies, vasen, kevät, tuhat...

Certaines racines sont régulièr...esques. La règle est complexe, on voit plus qu'une version de la racine dans le paradigme, et il y a peu de mots concernés. C'est ce que j'appelle des racines "semi-régulières"; en fait, elles étaient régulières par le passé, et elles sont les fossiles des règles de déclinaison d'autrefois. À cause de ça, elles peuvent aussi parfois avoir plus de formes acceptables que la moyenne; ce faisant, elles combinent ce qui est acceptable dans plusieurs paradigmes. Toute cette complication concerne principalement des mots dont la fin de la FNS et/ou la racine est une consonne; donc sammal, manner, säen,... C'est une zone grise importante dans la création d'un engin de déclinaison automatique. Elles n'ont pas été relevées exhaustivement dans cette section; il faudrait faire une liste de mots précis et les comparer, pour mieux illustrer l'ampleur du défi qu'elles posent.

Une autre complication à relever, qui a un impact sur toute la déclinaison: une petite classe de mots composés ont deux racines susceptibles de changer lors de la déclinaison, et les formes déclinées prennent deux terminaisons casuelles. Dans ces cas peu fréquents, on se retrouve confrontés à quelque chose comme Uusi+maa → Uude-n+maa-n (-n = terminaison génitive singulière). Par comparaison, le cas de figure le plus commun, c'est un mot composé où il n'y a qu'une racine à relever pour la déclinaison, et qu'une terminaison casuelle à ajouter: iso+äiti → iso+äidi-n.

Référence: https://kaino.kotus.fi/sanat/nykysuomi/taivutustyypit.php

Tableau 1: FNS et racines identiques

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Ce premier tableau couvre tous les cas où la FNS et la racine sont identiques en début de dérivation. Résumé des fins possibles: toutes les voyelles courtes, toutes les voyelles longues, toutes les voyelles complexes. La bidirectionnalité ne cesse qu'avec i et e. (Toutes les combinaisons ne sont pas admissibles pour les voyelles complexes: il n'y aura jamais de mot en -öa ou -öy (?). ▲ Le tableau présent couvre les voyelles complexes principales mais n'est pas exhaustif.)

FNS Racine Exemple Note
-a -a kala → kalan («poulet»)
-o -o valo → valon («lumière»)
-u -u pulu → pulun («pigeon»)
kerä → kerän («cercle»)
FNS & racine identiques
-y -y lyijy → lyijyn («plomb»)
-e -e nalle → nallen («ourson») prévisibilité unidirectionnelle, voir autres options pour -e dans les autres tableaux.
-i -i risti → ristin («croix») prévisibilité unidirectionnelle, voir autres options pour -i dans les autres tableaux.
-aa -aa maa → maan («terre»)
-oo -oo ? → ? («?») j'en trouve pas, est-ce que ça existe?
-uu -uu kuu → kuun («lune»)
-ää -ää sää → sään («climat»)
-öö -öö köö → köön («queue de billard»)
-yy -yy kyy → kyyn («vipère»)
-ii -ii pii → piin («silicone»)
-ee -ee filee → fileen («filet») à revoir, susceptible de se comporter irrégulièrement car ces mots sont surtout des emprunts?
-ea -ea vaikea → vaikea («difficile»)
-eä -eä tärkeä → tärkeän («important»)
-ie -ie tie → tien («route»)
-uo -uo suo → suon («marais»)
-yö -yö työ → työ («travail»)

Tableau 2: FNS & racines différentes

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Ce deuxième tableau couvre tous les cas où la FNS et la racine diffèrent en début de dérivation.

□ = Racine illustrée avec une forme essive, pas génitive, parce que le génitif déclencherait la gradation et ça nuirait à la compréhension. (Genre FNS → forme génitive, ça donnerait käsi → käden, ça nuit à montrer le -te. Donc à la place c'est présenté käsi → katënä.)

FNS... Racine Exemple Note
-e -ee hame → hameen («jupe») prévisibilité unidirectionnelle!
-e -(e) kantele → kantelen («kantele») prévisibilité unidirectionnelle! forme semi-régulière!
-i -e ovi → oven («porte») prévisibilité unidirectionnelle!
-i -te □ käsi → kätenä («main») prévisibilité unidirectionnelle! (pas schématisable comme bidirectionnelle avec une approche type si → te non plus, parce qu'on trouve boksi → boksin, passi → passin, etc.)
-mpi -mpa □ vanhempi → vanhempana («parent») (prévisibilité unidirectionnelle lorsque schématisé comme i→a, mais bidirectionnelle lorsque schématisé comme mpi→mpa..??? ▲)
-nen -se ihminen → ihmisen («personne»)
- - → («»)

Harmonie vocalique

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But de cette section: expliquer l'harmonie vocalique, qui contribue à déterminer les terminaisons casuelles acceptables pour un mot donné.

L'harmonie vocalique est un type d'assimilation. L'harmonie vocalique impose une certaine homogénéité sur les propriétés des voyelles, dans un domaine phonologique donné (par exemple, au sein d'un mot). Dans le cas du finnois, la propriété concernée est leur position avant/arrière.

Voici, en résumé, comment l'harmonie vocalique affecte la déclinaison en finnois: Les terminaisons casuelles ont souvent deux versions harmoniques, une avant et une arrière. Seule une version harmonique est acceptable pour un mot donné. Ce qui détermine quelle version est acceptable, c'est la qualité avant ou arrière des voyelles présentes dans la racine du mot en tête.

Commençons par jeter un coup d'oeil aux voyelles du finnois.

Voyelles d'avant ä ö y
Voyelles neutres e i
Voyelles d'arrière a o u

L'idée de base, c'est que les voyelles d'arrière et les voyelles d'avant ne peuvent pas se côtoyer (= olö est un mot inacceptable). Les voyelles d'avant peuvent côtoyer les voyelles neutres (= käsi est un mot acceptable), et les voyelles d'arrière peuvent côtoyer les voyelles neutres (= tori est un mot acceptable). L'harmonie vocalique est le procédé phonologique qui maintient cette ségrégation entre les voyelles d'arrière et les voyelles d'avant. Elle empêche la formation de racines désharmonisées. De plus, elle repère une valeur harmonique quelque part (dans la racine d'un mot) et la copie ailleurs (dans la terminaison de cas du même mot), d'où son importance pour la déclinaison.

Les terminaisons casuelles qui ne contiennent que des voyelles neutres ou aucune voyelle n'ont qu'une seule version; l'harmonie ne les concerne pas. Voici un inventaire des terminaisons casuelles qui n'ont qu'une version: -n, -t, -den, -tten, -en, -ten, -lle, -seen, -ksi, -tse.

Les terminaisons casuelles qui peuvent contenir ä ou a se comportent de la façon suivante:

  • Si le mot à décliner contient a, o ou u, on utilise les terminaisons avec a.
  • Si le mot à décliner ne contient pas a, o, ou u, on utilise les terminaisons avec ä.

Voici des paires de terminaisons harmonisées. Quand il y a une terminaison casuelle harmonisée antérieurement, il y a toujours un homologue harmonisé postérieurement, et vice versa.

Harmonie postérieure Harmonie antérieure
-a
-ta -tä
-ssa -ssä
-sta -stä
-lta -ltä
-lla -llä
-na -nä

Ces inventaires de terminaisons ont couvert la majorité du terrain.

Voici des exemples concrets, avec la terminaison casuelle harmonisée en gras:

  • Flexions avec harmonie postérieure: sanassa, kolossa, kuussa, puolukassa...
  • Flexions avec harmonie antérieure: eliössä, ytimessä, kädessä, vedessä, ristissä...

Quand la racine n'a que des voyelles neutres, c'est l'harmonie antérieure qui s'applique, d'où vedessä et ristissä.

Deux complications:

  • J'ai parlé de mots pour simplifier, mais c'est le mot en tête qui est important. Les mots dans un mot composé n'ont pas besoin d'être harmonisés ensemble (aatto «veille» + «nuit» = aattoyö «nuit de la veille»; ce mot composé est phonologiquement acceptable). L'harmonie vocalique qui sélectionne les terminaisons casuelles va se produire en fonction de la valeur harmonique du mot en tête; le dernier. (Dans le cas d'aattoyö, c'est qui est en tête, donc on obtiendra attoyössä).
  • L'harmonie se comporte de manière inhabituelle dans certaines situations... elles ne sont pas très communes. Peut-être qu'on veut les intégrer, peut-être qu'on veut les ignorer. Voici les situations en question:
    • Vocabulaire natif qui se comporte irrégulièrement: les mots meri «mer» et veri «sang» prennent l'harmonie postérieure au partitif singulier (merimerta, veriverta). Le reste de leur paradigme prend l'harmonie antérieure tel qu'attendu (merimeressä, veriveressä). Faudrait vérifier mais je pense que ça concerne carrément juste deux mots.
    • Emprunts: parfois, on rencontre des emprunts qui ne sont pas harmonisés de manière interne. Par exemple, atmosfääri «atmosphère» est une seule racine du point de vue de la morphologie finnoise, mais elle est désharmonisée, car elle contient a, o et ä. Dans ce genre de situation, l'usage hésite. Les deux versions peuvent être aussi acceptées l'une que l'autre, ou au contraire, il peut y en avoir une qui est nettement mieux acceptée. C'est une question de cas par cas.

TLDR;

Harmonie vocalique

[ä] → [a] / {a, o, u} (...) _

Syllabification

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But de cette section: expliquer dans quel environnement phonologique la gradation est déclenchée.

Gradation consonantique

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But de cette section: expliquer la gradation consonantique, qui change parfois la racine dans une partie du paradigme de déclinaison.

La gradation consonantique est un type de mutation consonantique, c'est-à-dire de passage d'une consonne à une autre dans certains environnements. Comme il est habituellement le cas chez les règles phonologiques, la relation entre le son de départ et le son final n'est pas complètement arbitraire. On peut généralement isoler une propriété spécifique qui a changé, pour un ensemble de mutations: par exemple, acquisition du voisement en ce qui concernerait un ensemble de mutations /p/→/b/, /t/→/d/ et /k/→/g/. (Il peut aussi y avoir plus qu'une propriété, et propriété est entendu au sens de feature.)

Dans le cas du finnois, la consonne de la syllabe finale de la racine peut muter (dans les conditions décrites dans la section précédente). On peut schématiser les changements possibles à l'aide d'un tableau à quatre champs, car la gradation varie à deux niveaux: celui de la direction (grade fort en FNS → grade faible en forme génitive singulière OU vice versa) et celui du type de mutation (changement de la longueur OU autre changement de qualité; surtout voisement/assimilation de mode d'articulation.) Dans le tableau ci-dessous, la première forme est la FNS et la deuxième forme est la forme génitive singulière.

Changement de longueur Autre changement de qualité
Gradation classique matto → maton mato → madon
Gradation inverse puute → puutteen pyyde → pyyteen

Deux choses à noter:

  • La gradation inverse n'implique que des mots qui terminent en e... selon la graphie. Ces mots ont à vrai dire une consonne finale non écrite (/ʔ/) dans leur FNS. C'est cette consonne qui mène à l'apparition du grade faible dans la FNS. Il n'y a pas de /ʔ/ dans les flexions à grade fort, comme mielipiteen ou litteen. La gradation inverse n'est inverse que dans sa directionnalité; elle conserve en fait complètement la même logique si on compare la structure syllabique de maton et liite...
    • maton = /mɑton/ (grade faible au génitif singulier; direction classique)
    • liite = /liːteʔ/ (grade faible au nominatif singulier; direction inverse)
    • ...le point pertinent étant que la syllabe finale, en gras, a la structure CVC dans les deux cas.
  • La gradation de longueur est productive, tandis que la gradation de qualité autre ne l'est plus. Conséquence: certains emprunts ont un grade fort et un grade faible (tel qu'attendu), d'autres échappent à la gradation (malgré le fait que les conditions phonologiques pour la gradation soient remplies; il n'y a donc qu'un grade de consonne, celui qu'on trouve dans la FNS).
    • Exemple concret: robotti («robot») et auto («automobile») sont deux emprunts. Le premier alterne puisqu'il est question d'une gradation de longueur; robottirobotin. Le deuxième n'alterne pas, puisqu'il serait question d'une gradation de qualité autre; autoauton, PAS audon.

La section suivante est un inventaire des types précis de gradation consonantique qu'on rencontre, avec un exemple par type. L'exemple sert à illustrer et suit l'ordre FNS → forme génitive singulière.

Gradation classique

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Longueur

  • tt → t
    • matto → maton («tapis»)
  • pp → p
    • anoppi → anopin («belle-mère»)
  • kk → k
    • kukka → kukan («fleur»)

(On rencontre aussi bb → b et gg → g, mais juste parmi des verbes qui sont aussi des emprunts, donc je crois que ça peut être ignoré pour comprendre la flexion des noms; à vérifier, mais à priori c'est très marginal. Cette note ne tient pas compte de la direction et elle est identique dans les deux sections.)

Qualité

  • t → d
    • mato → madon («ver»)
  • p → v
    • tapa → tavan («manière»)
  • k → ∅ ⁓ j (/j/) ⁓ v (/ʋ/) ⁓ ' (/ʔ/)
    • loka → loan («boue»)... c'est le cas par défaut, et le plus commun, en ce qui concerne la gradation de k.
    • aika → ajan («temps»)... k → j est moins commun que k → ∅, mais en fait c'est un peu trompeur de séparer les deux. Ce qui se passe, c'est que k disparaît, puis un i qui le précédait devient une glissante, i → j. Donc on peut schématiser le cas de figure avec la règle ik → j, et remarquer que c'est le résultat de deux phénomènes phonologiques qui s'appliquent l'un après l'autre.
    • puku → puvun («habit»)... k → v est rare et ne s'applique que dans l'environnement 'uku' et 'yky'.
    • vaaka → vaa'an («balance»)... c'est rare aussi, ça ne s'applique que quand on rencontre VVkV, où V = même voyelle partout. Donc ça ne s'applique pas à ruoka (→ ruoan («nourriture»)) parce que les voyelles diffèrent.
  • mp → mm (/mː/)
    • lampi → lammen («étang»)
  • nt → nn (/nː/)
    • ranta → rannan («rive»)
  • lt → ll (/lː/)
    • kulta → kullan («or»)
  • rt → rr (/rː/)
    • sorto → sorron («persécution»)
  • nk (/ŋk/) → ng (/ŋː/)
    • sanko → sangon («seau»)

(On ne rencontre pas le problème de prévisibilité unidirectionnelle dans les cas de gradation de qualité classique, contrairement aux cas de gradation de qualité inverse.)

Gradation inverse

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Longueur

  • t → tt
    • liite → liitteen («pièce jointe»)
  • p → pp
    • raape → raappeen («râpure»)
  • k → kk
    • lääke → lääkkeen («médicament»)

(On rencontre aussi bb → b et gg → g, mais juste parmi des verbes qui sont aussi des emprunts, donc je crois que ça peut être ignoré pour comprendre la flexion des noms; à vérifier, mais à priori c'est très marginal. Cette note ne tient pas compte de la direction et elle est identique dans les deux sections.)

Qualité

  • d → t
    • tiede → tieteen («science»)
  • v → p
    • viive → viipeen («délais»)... mais attention, parce qu'il y a aussi des cas où v demeure v, comme toive → toiveen («voeu»). Ça mène à une généralisation où des mots qui ont v → p acceptent aussi v → v, donc pour viive, on rencontre aussi viiveen.
  • ∅ → k
    • rae → rakeen («grêle»)
    • (v ⁓ ' → k sont impossibles étant donnés les conditions concernant les voyelles nécessaires; j → k est possible mais je ne trouve pas d'exemple.)
  • (mm → mp)
    • (techniquement, c'est possible, mais je ne trouve pas d'exemple.)
  • nn → nt
    • varmenne → varmenteen («certificat»)
  • ll → lt
    • mielle → mielteen («image mentale»)
  • rr → rt
    • murre → murteen («dialecte»)
  • (ng → nk)
    • (techniquement, c'est possible, mais je ne trouve pas d'exemple.)

(Attention! Parfois on rencontre le grade faible dans la FNS et la forme génitive; c'est une complication aux mots où on a une gradation de qualité inverse. J'ai inclus une note et un exemple pour v → p mais ça ne s'arrête pas là. C'est un problème de prévisibilité unidirectionnelle. Quand la racine a un grade fort et certaines conditions s'appliquent, certaines flexions prennent le grade faible: donc viive → viipeen.

MAIS il y aussi des cas où la racine ressemble à un grade faible, et la consonne reste identique dans tout le paradigme, comme toive → toiveen; il n'y a en fait aucune mutation, mais on ne peut pas le prédire en regardant la FNS. On ne prédire ce qui se produira qu'en regardant la racine!

C'est un peu embêtant à expliquer clairement, mais en gros, ce qu'il faut comprendre, c'est qu'il n'y a qu'une règle p → v, plus précisément [racine avec p] → [flexion avec v], et cette règle peut s'appliquer de manière classique, auquel cas on a p → v = [FNS avec p] → [flexion avec v]... et elle peut s'appliquer de manière inverse, auquel cas on a aussi p → v = [racine avec p] → [FNS avec v]... que je présente comme v → p parce que v correspond à la FNS, et la FNS est la vedette, ce qui fait en sorte qu'on peut l'utiliser comme base automatiquement définie, et c'est probablement pratique d'intégrer la FNS à un programme de flexion automatique. Mais la base réelle est la racine, qui est parfois distincte de la FNS, et du point de vue phonétique, il n'y a aucune règle qui transforme v; il n'y a qu'une règle qui transforme p, mais pas toujours aux mêmes endroits dans le paradigme. Les endroits dans le paradigme où il y a un grade fort en direction classique, sont les endroits où il y a un grade faible dans la direction inverse.)

▲ Cette dernière note est probablement difficile à suivre. Elle serait plus compréhensible avec un tableau, ou plusieurs tableaux, qui illustrent la distribution des gradations dans les paradigmes. Il faut la réécrire ou au moins l'éditer.

Autres propriétés (nombre de syllabes, qualité de la syllabe finale)

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But de cette section: faire un survol des autres propriétés qui déterminent l'inventaire des terminaisons casuelles acceptables, et quels genres de changement à la racine on observe mis à part ceux de la gradation.

  • i → e
  • a/ä → o/ö
  • V1+V2 → V2+i