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Il était clair désormais pour moi que les protagonistes juifs de mon film devaient être, soit des membres des Sonderkommandos, « commandos spéciaux » selon la terminologie nazie, ceux qui se trouvaient à la dernière station du processus de destruction et qui donc avaient été, avec les tueurs, les seuls témoins de la mort de leur peuple, des derniers moments de vie de ceux qui allaient la perdre, asphyxiés dans les chambres à gaz — j’ai déjà longuement parlé, au chapitre II de ce livre, de Filip Müller, membre du Sonderkommando d’Auschwitz pendant près de trois ans, survivant miraculeux des cinq liquidations du commando spécial —, soit des hommes qui, ayant passé un long temps dans les camps, avaient fini par y occuper des positions centrales, les rendant particulièrement aptes à décrire dans le plus grand détail le fonctionnement de la machinerie de mort.— (Claude Lanzmann, Le Lièvre de Patagonie, Gallimard, 2009, chapitre XVI)
