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Apparence
Arabe littéral / parlé
[modifier le wikicode]Les différences de la théorie écrite à l'application usuelle sont peu nombreuses ; on peut en indiquer ici les principales, et poser en peu de mots les règles de l'arabe vulgaire :
- Le duel est inusité dans les verbes et les pronoms de la langue parlée ; on ne s'en sert que dans les noms , et seulement sous la forme du génitif, qui se termine en ـَيْنْ (-ayn) ; la terminaison en ـَانِ (-âni) qui, dans le littéral, désigne le nominatif ou sujet de la phrase, n'est jamais employée.
- Il en est de même du nominatif du pluriel régulier terminé en ـُونَ (-ûna), on n'emploie dans le langage que la terminaison en ـِينْ (-în) pour tous les cas.
- Les modes subjonctif, conditionnel et affirmatif, connus sous les noms d'antithétique, d'apocopé et de paragogique lourd ou léger, sont également inusités. La conjugaison se trouve donc réduite, dans le langage , au prétérit, à l'aoriste et à l'impératif; encore y faut-il faire de nouvelles réductions :
- Les deuxième et troisième personnes du pluriel féminin y sont partout supprimées.
- Les deuxième et troisième personnes du masculin pluriel de l'aoriste, changent le ـنَ (-na) qui les termine en un alif ا muet, comme cela arrive dans l'aoriste antithétique de l'arabe littéral.
- Quelquefois ce même alif ا muet précédé d'un waw و est substitué au mem م qui sert de désinence à la seconde personne du pluriel masculin du prétérit ; ainsi l'on dit كَتَبْتُو (katabtû) vous avez écrit, au lieu de كَتَبْتُمْ (katabtum).
- Le na نَ final de la seconde personne du singulier ſéminin de I'aoriste, est toujours retranché, et l'on dit, comme dans les futurs antithétique et apocopé : تَكْتُوبِي (taktûbî), tu écriras, toi, femme, au lieu de تَكْتُوبِينَ (taktûbîna).
- Toutes les désinences qui ne consistent qu'en motions sont généralement supprimées dans l'arabe parlé (si le Tanouïn-Fathha est quelquefois employé, c'est précisément parce qu'il est accompagné de l‘alef, l'une des lettres de l'alphabet). Il est pourtant, sinon une exception, du moins une modification à cette règle, pour les désinences qui ont un kasra en signe de féminin. Comme on n'écrit pas les motions dans la langue vulgaire, on est obligé, pour maintenir la distinction des genres, de remplacer ce kasra par un ya. On écrit donc avec un ya final les mots suivants : نَظَرْتِي (naZartî) tu as vu , toi, femme ; أَسْتَحَمَّيْتِي (astaHammaytî), tu t'es baignée , ضَرَبُكِي (Darabukî) ils t'ont frappée.
- Dans les verbes sourds, la radicale doublée par le tachdid n'est jamais séparée en deux lettres lorsque dans le paradigme régulier la dernière radicale doit porter un sokoun. On conserve au contraire le signe de la réduplication, et l'on ajoute un ya ي après la lettre double ; exemples : مَدَّيْتْ (maddayt), j'ai ou tu as étendu , حَبَّيْتُمْ (Habbaytum) ou حَبَّيْتُو (Habbaytû), vous avez aimé ; ضَرَّيْنَ (Darrayna), nous avons nui ; au lieu de مَدَدْتُ (madadtu) , ou مَدَدْتَ (madadta), حَبَبْتُمْ (Hababtum), ضَرَرْنَ (Dararna). Le participe présent se forme régulièrement , on dit : مَادَدْ (mâdad), étendant; حَابَبْ (Hâbab), aimant ; سَارَرْ (sârar), réjouissant.
- Les verbes nakès ou défectueux, qui ont un waw و pour troisième radicale , transforment, dans l'arabe vulgaire, ce waw en ya ي il faut donc dire : دَأَيْتْ (da'ayt), j'ai fait des voeux ; يَأَفِي (ya'afî), il fera grâce ; au lieu de دَأَوْتُ (da'awtu), يَأَفُو (ya'afû). À l'impératif les verbes concaves et défectueux ne retranchent pas leur lettre faible dans le singulier masculin : on dit, رُوحْ (rûH) va-t-en, أَرْمِي ('armî) jette, en conservant le waw و et le ya ي.
- Il est rare qu'en parlant on tourne le verbe actif en passif, comme cela se pratique dans le littéral au moyen d'un dhamma sur la première lettre radicale et d'un kasra sous la seconde. Dans l'arabe vulgaire on se sert presque toujours, pour exprimer le passif, des cinquième, septième et huitième conjugaisons dérivées.
- Les verbes réguliers dont la seconde lettre radicale porte un dhamma (ــُـ) au prétérit, ne sont point usités dans le langage.
- Le prétérit du verbe كَانْ (kân), être, est toujours employé avec le sens de l'imparfait.
- La lettre ka (ك), pronom affixe de la seconde personne du singulier , se prononce , dans le littéral, ka pour le masculin et ki pour le féminin. Dans le vulgaire on transpose la voyelle, et l'on prononce ak et ek. Si le pronom masculin est précédé d'une lettre de prolongation , on retranche entièrement la voyelle ; exemples : شَتَمُوكْ (catamûk), ils t'ont injurié; يَنْفِيكْ (yanfîk), il t'exilera. Dans ce même cas, le pronom féminin prend un ya ي final, ainsi que nous l'avons vu plus haut dans le mot ضَرَبُكِي (Darabukî), ils t'ont frappée. Quant au pronom affixe de la troisième personne du singulier masculin, on le prononce oh et le plus souvent ou, sans faire sentir l'aspiration de la lettre ta marbuta ة ; on dit kétâboh ou kétâbou pour كَتَابَة (katâb@) , son livre. Si au contraire ce pronom est précédé d'une lettre de prolongation, on ne prononce plus que le ta marbuta ة, sans voyelle ; exemple : ramaynâh pour رَمَيْنَاة (ramaynâ@) nous l'avons jeté.
- Les Arabes ont contracté, dans quelques pays, et particulièrement en Égypte, l'habitude d'ajouter un ba ب initial à l'aoriste, et ce ba se convertit souvent en mim م à la première personne du pluriel : ainsi ils disent بَاكَلْ (bâkal), je mange ; بَتَضْرَبْ (bataDrab), tu frappes; بَيَفْتَحْ (bayaftaH), il ouvre ; مَنَشْتَرِي (manactarî) nous achèterons ; au lieu de آكَلْ (âkal), تَضْرَبْ (taDrab), يَفْتَحْ (yaftaH) ,نَشْتَرِي (nactarî).
Référence : Des règles de l'arabe vulgaire, Joseph Agoub, librairie orientale de Dondey-Dupré père et fils. 1826.