Annexe:Liste de proverbes tunisiens
Les proverbes tunisiens et leurs particularités appartiennent au patrimoine linguistique de la Tunisie.
Rapidement s'est posée la question de leur conservation (c'est-à-dire de leur mise par écrit) et avant tout de la collecte de ce savoir diffus, plus rural qu'urbain et surtout porté par les anciennes générations. Ce savoir tend en effet à se perdre avec les mouvements d'urbanisation, de modernisation, de scolarisation qui valorisent la culture écrite, rationalisée, standardisée et coupée de ses racines locales, rurales et traditionnelles.
Regroupements
[modifier le wikicode]On doit à quelques érudits, amoureux de la langue arabe et du dialecte tunisien, leur réunion dans des recueils écrits. Il s'agit notamment d'Hédi Balegh, chroniqueur auprès du quotidien francophone La Presse de Tunisie, qui publie au début des années 1990 un recueil de proverbes tunisiens en deux volumes. Il fait suite à Tahar Khémiri à qui il rend hommage et qui avait déjà réuni 2 470 proverbes dans une édition de 1967 publiée à la Maison tunisienne de l'édition. C'est ainsi que Balegh définit le proverbe tunisien : « Le proverbe tunisien, alors, a été pour moi [...] tantôt un emblème sacerdotal transmis depuis les temps les plus lointains par les hommes et les femmes de mon pays, tantôt ce bâton hiératique autour duquel se sont développés mes explications et mes commentaires, mais surtout les fleurs et les fruits des proverbes des autres peuples du monde entier [...] Les racines des hommes, les proverbes le prouvent, sont les mêmes et ils se diversifient, les hommes par les branches, leurs fleurs et leurs fruits : leur foi, leurs actes, veux-je dire, au service des hommes ».
Certes, certains proverbes sont certainement communs à plusieurs pays et à plusieurs cultures, étant donné que la parole ne s'arrête pas aux frontières des pays, créations beaucoup plus récentes que ces formules dont l'origine est souvent très ancienne. Les thèmes développés étant universels, seule change la façon de les exprimer. Par conséquent, existe-t-il une culture orale spécifiquement tunisienne, indistincte de la culture maghrébine ou de la culture arabe ou musulmane ? Bon nombre de ces proverbes tunisiens se retrouvent en effet parmi les proverbes marocains ou arabes.
Exemples
[modifier le wikicode]- La connaissance des gens est un trésor : معرفة الناس كنوز
- À celui que tu vois monter une fourche, dis : félicitations pour le cheval (chacun vit comme il l'entend)
- À ces critères tu reconnais le Berbère : il mange le couscous, se rase la tête et porte le burnous
- Celui qui a cent chameaux peut avoir besoin de celui qui n'a qu'un bourricot
- Celui qui jure à toute heure est un fieffé menteur
- Compte sur ton âne même s'il rue plutôt que sur le cheval d'autrui (équivalent : « Un tien vaut mieux que deux tu l'auras »)
- Éloigne-toi tu apporteras du bois
- بات حذى الجران صبح يقرقر
- Fais-le dormir près de la grenouille, il se réveillera en coassant (équivalent : « Qui se ressemble s'assemble »)
- Garde ton malheur de peur qu'il ne t'arrive pire (équivalent : « Un tien vaut mieux que deux tu l'auras »)
- هرب من القطرة جاء تحت الميزاب
- Il a fui la goutte pour se retrouver sous la gouttière (équivalent : « Qui veut trop se protéger s'expose »)
- كيف الملح ما يغيب على طعام
- Il est comme le sel, il n'est absent à aucun repas (se dit des pique-assiettes)
- Il est venu avec tous les honneurs, mais pour le faire sortir il a fallu des videurs
- Il la veut grasse [la jument], galopant bien et ne mangeant pas d'orge (équivalent : « Il veut le beurre et l'argent du beurre »)
- Il vaut mieux que l'œil ne voie pas pour que le cœur ne s'attriste pas (équivalent : « Toutes les vérités ne sont pas bonnes à dire »)
- La daurade se consomme au moment du raisin (équivalent : « Il y a un temps pour tout »)
- الصّبر مفتاح الفرج
- La patience est clé de tous les soulagements (équivalent : « Patience et longueur de temps vaut mieux que force et rage »)
- يمين البكّوش في قلبه
- Le serment du muet est dans son cœur (équivalent : « Le silence est d'or »)
- La vieille emportée par l'oued dit sans cesse : cela va être une bonne année de récolte (équivalent : « À toute chose malheur est bon »)
- Le bœuf qui donne tout le temps des coups de cornes mourra d'un coup de cornes
- Le chameau est sobre mais il faut bien le nourrir
- Les montagnes ne se rencontrent pas mais les hommes si
- Même un chien ne voudra pas de celui qui n'a pas satisfait ses parents (en écho aux nombreux hadiths de la tradition musulmane qui rendent sacrée l'obéissance aux parents)
- N'écoute que les paroles qui te font pleurer plutôt que celles qui te font rire et font rire les gens sur toi
- Ne sent la braise que celui qui marche dessus
- On ne demande pas l'accord de celui à qui l'on veut faire du bien
- On perd son temps à tanner la peau d'un cochon
- Pierre par pierre, la maison se construit (équivalent : « Petit à petit, l'oiseau fait son nid »)
- Pour s'être noirci le front on n'est pas pour autant forgeron (équivalent : « C'est au pied du mur que le voit le maçon »)
- Quelle maison tu habiteras ? Demande plutôt : quel voisin tu auras
- Qui veut de belles choses doit veiller toute la nuit
- Remue-le un peu, il reviendra à ses origines (équivalent : « Chassez le naturel, il revient au galop »)
- Si son prix modique t'attire, tu en jetteras la moitié
- Si tu vends tu regretteras mais davantage tu regretteras si la marchandise te reste sur les bras
- Souris à la vie pour qu'elle te sourie (équivalent : « Aide toi, le ciel t'aidera »)
- Tout singe paraît une gazelle aux yeux de sa mère
- Tyrannie de croyant plutôt que justice de mécréant
- Un invité reste un invité même s'il s'attarde hiver et été (rappel de l'hospitalité chère aux sociétés arabo-musulmanes)
- Un péquenot à qui le bey a donné un cheval (lorsqu'on donne beaucoup à celui qui ne le mérite pas)
- Un poids lourd supporté par un groupe devient un poids plume (équivalent : « L'union fait la force » ou « Une main n'applaudit pas seule »)
- Si l’œuf avait deux oreilles on le porterait à deux
- Retourne la marmite sur sa bouche et la fille sera comme sa mère
Bibliographie
[modifier le wikicode]- Hédi Balegh, Proverbes tunisiens, tomes I et II, éd. La Presse de Tunisie, Tunis, 1994
- Pierrette Jomni-Amiel, Proverbes tunisiens, éd. L'Harmattan, Paris, 1992 ISBN 2738415881
- Tahar Fazaa, Proverbes de Tunisie, tome 1, éd. Apollonia, Tunis, 2008 Tahar Fazaa "Proverbes de Tunisie" , tome 2, ed Apollonia 2012 . Tahar Fazaa " Les proverbes Tunisiens racontés aux enfants ed Sindbad 2013 .